Prélude au Chaos - quelque part à WinonaPolis, 6 heures 27
- Qu'est-ce que tu vois ?
- Je vois qu'ils nous emmènent au sommet d'une tour. Ils nous surveillent.
Ce matin, le réveil fut difficilement envisageable. Non seulement je sentais dans ma chambre comme une chaleur à la fois sucrée et ambrée, mais de plus, j'étais encombrée d'une petite robe en coton très léger qui avait gardé dans ses fibres la combinaison de ma chaleur corporelle et d'un parfum tout aussi sucré. En général je dormais nue. Et je reconnus tout de suite Angel, que j'avais l'habitude de porter lorsque j'étais très amoureuse.
Inutile de passer par mille métaphores pour vous avouer franchement que si je m'étais écoutée, je n'aurais sûrement pas quitté mon lit tout de suite.
Mais une question me venait alors. Les parfums agissant chez moi comme un code émotionnel, comment avais-je pu abuser à ce point de ce parfum en particulier, alors que j'étais toujours toute seule ?
Je regarde autour de moi. Vêtements en bataille sur une chaise. Fenêtre ouverte, donnant sur une mer de toits orangés, presque carmins, baignés de lumière et entourée des effluves de la mer, toute proche. Matelas au ras du sol, une couverture et des oreillers aux motifs dépareillés. Une chambre bordélique, un cocon presque psychédélique.
Nous sommes le 8 juin. Dans quelques minutes, le Bureau de l'Internationale du Délire me passera un coup de fil pour me donner quelques indications sur ma mission.